Vernissage le mercredi 11 mai 2016, de 18h à 21h.
Commissaire de l’exposition : Xavier Franceschi
Le frac île-de-france présente au plateau, la première exposition personnelle d’envergure consacrée à Johannes Kahrs à Paris. Né à Brême (Allemagne) en 1965, Johannes Kahrs vit et travaille à Berlin. Son travail se déploie sur différents supports, tels que le dessin, la vidéo ou les installations sonores, mais Johannes Kahrs est avant tout connu pour son œuvre picturale. Généralement réalisées à partir de photographies (issues des médias ou de ses archives personnelles), ses peintures, pourtant délibérément réalistes, évitent soigneusement toute narrativité : en isolant son sujet et en éliminant tous les détails qui participent du contexte de l’image d’origine, Johannes Kahrs rend vaine toute tentative d’en connaître la source première. Ainsi libérée de ses origines, l’image revêt alors un caractère universel, ce qui lui confère une véritable puissance évocatrice susceptible de résonner en chacun. Loin de s’inspirer de la photographie pour produire un rendu mimétique de la réalité, Johannes Kahrs puise dans les failles et les imperfections du médium photographique : effet de flou, cadrages hasardeux, pixels apparents, etc. Il n’hésite pas à employer des images extraites du monde du cinéma ou de la télévision : les contours incertains des figures ne sont pas sans évoquer les images floues que l’on aperçoit parfois sur les écrans de télévisions vibrants, grésillant, lorsque l’on suspend le déroulé d’un film.
La peinture joue le rôle d’un médiateur entre la réalité dont sont issues les photographies et l’univers incertain dans lequel Johannes Kars nous plonge ; cette étrangeté ne provient pas du contexte dont sont extraites les images, mais bien du traitement que Kahrs leur inflige. Celui-ci affirme être en quête d’images, et non de situations réelles. « Ce que je choisis, c’est l’image, pas la situation qu’elle décrit », affirme Johannes Kahrs. Le peintre porte son attention sur des moments d’expressivité corporelle, donnant à voir des gestes suspendus, comme flottants dans l’espace abstrait de la toile. La figure humaine ne se donne jamais à voir dans la clarté, rarement dans son entièreté. Le recadrage malmène et tronque les corps, monumentalisés et insaisissables et cette proximité immédiate et dérangeante nous les rend à la fois étrangers et familiers. Johannes Kahrs a souvent recours à des scènes qui évoquent des événements traumatisants ou douloureux. Mais il se focalise uniquement sur l’avant ou l’après de ces instants. Il élimine ainsi l’explicite et se concentre sur ce qui, indirectement, contribue à créer une image qui traite du désir, de l’effroi, du sexe, mais aussi du politique ou du trivial, sollicitant l’imaginaire de tout un chacun et questionnant notre rapport aux images.
Toutefois, si la figure humaine occupe une place centrale dans son travail, il produit aussi des images de nature morte, de paysages, qui tendent parfois vers l’abstraction. Néanmoins, quel qu’en soit le sujet, ses toiles naviguent sur une frontière indécise, entre fiction et réalité et nous renvoient à une dualité attraction / répulsion similaire à celle éprouvée face à aux peintures de Francis Bacon ou Francisco de Goya.
Par cet univers singulier qu’il parvient à créer, Johannes Kahrs est aujourd’hui reconnu comme l’un des plus grands peintres de sa génération, représenté au niveau international par deux galeries, l’une à Anvers (Zeno X Gallery), l’autre à New-York (Luhring Augustine). On retrouve son œuvre dans les collections des plus grands musées internationaux (Centre Pompidou à Paris, MOCA à Los Angeles, MoMA à New-York, SMAK à Gand, … ). Le frac île-de-france a récemment acquis une de ses œuvres, suite à l’exposition « Un mural, des tableaux », à laquelle avait participé l’artiste.
L’exposition présentée au plateau marquera sans conteste un moment important, dans la mesure où elle présentera le travail d’un artiste majeur qui produit peu et dont les apparitions se font rares. Parmi les expositions personnelles dont il a fait l’objet, on peut citer celles de Bergame (GAMeC), de Londres (Parasol unit foundation for contemporary art), de Munich (Kunstverein München) ou de Gand (SMAK)… Il a également présenté une série de peintures à la dernière Biennale de Lyon.
rendez-vous
Conversations de plateau
Jeudi 09.06.16– 19h30
Des invités échangent et livrent leurs regards sur l’exposition.
Avec : Pierre-Nicolas Bounakoff (historien d’art), Camille Vivier (photographe) et Philippe Artières (historien).
Plateau-Apéro
Mercredi 01.06.16
Mercredi 06.07.16
Nocturnes, jusqu’à 21h tous les 1ers mercredi du mois.
Visite commissaire
Dimanche 26.06.16 – 17h30
Visites guidées
Tous les dimanches – 16h