Le Plateau est heureux de présenter la première exposition personnelle de l’artiste américaine Nicole Eisenman en France.
Débutant sa carrière à New York dans les années 90, Nicole Eisenman s’est très vite fait connaître grâce à ses peintures figuratives monumentales et ses installations de dessins proliférantes, délaissant l’héritage de l’art minimal et conceptuel, et se plaçant d’emblée dans une position quelque peu marginale par rapport au courant artistique dominant.
Drôles et grotesques, dramatiques et violents, ses dessins et peintures proposent d’impossibles télescopages empruntant autant à Rubens qu’à Crumb. Réinterprétant la peinture historique et de genre, l’artiste américaine revisite l’histoire de l’art (de Titien à Picasso en passant par Hogarth) et en propose une version vernaculaire nourrie de culture populaire (du Folk Art à la bande dessinée underground en passant par les films d’horreur et pornos). Proches de la caricature, ses dessins exhibent des scènes satyriques, voire sadiques, souvent empruntes d’une violence latente, plaçant le spectateur dans une position inconfortable de voyeur, et faisant de l’artiste une portraitiste de la vie contemporaine (Dysfunctional Family, 2000).
Ses peintures et dessins de grands formats décrivent de grandes scènes héroïques, allégoriques, où les rôles ne sont plus tenus par des hommes mais par des femmes ; une manière de re-écrire l’histoire de l’art, voire de l’Histoire. Dans Sloppy Joe Party (2000), Nicole Eisenman peint un gynécée arctique, une bacchanale glacée à l’occasion de laquelle on n’hésite pas à mettre à mort quelques hommes. Dans ses grandes fresques, la foule est omniprésente, elle y incarne à la fois l’humanité et l’individu : elle est l’ordre – divin, politique et religieux – ; elle est la transformation de soi en un autre ; elle est une force incontrôlable. Son œuvre constitue un projet ambitieux : l’artiste déploie un style emphatique (pour elle, more is more) au service de sujets quotidiens, parfois simplement inspirés de sa propre expérience.
Conçue en collaboration avec la Kunsthalle de Zürich, l’exposition réunit un nombre important de dessins et de peintures des années 90 à aujourd’hui. Pour l’exposition, elle propose d’installer ce qu’elle nomme une « clinique de dessins » (« drawing clinic ») : une pièce dans laquelle se côtoient diverses oeuvres sur papier, des collages, des graffitis et des objets. Cette installation permet d’embrasser pleinement son œuvre, elle témoigne de sa richesse et de sa virtuosité stylistique (on zappe d’une bad painting à une composition inspirée de la Renaissance italienne) et rassemble les thèmes récurrents de son travail parmi lesquels : son positionnement en tant qu’artiste homosexuelle l’ordre social, le statut de l’artiste ou encore le processus de création.
Commissaires
Caroline Bourgeois, directrice artistique du Plateau
Beatrix Ruf, directrice de la Kunsthalle de Zürich.