Non lieu regroupe trois artistes européens qui posent tous, avec des moyens différents, la question de la fragilité de notre environnement immédiat, le temps d’une confrontation entre espaces construits et en suspension, pérennes et éphémères…
Architecturale, l’oeuvre de Laurent Pariente se développe principalement autour de constructions organisées à l’intérieur d’espaces à parcourir et à expérimenter.
Pour le Plateau, cet artiste français basé à New-York a conçu un déroulement labyrinthique, une succession de murs blancs qui cloisonnent l’espace et invitent le visiteur à une expérience inattendue, à une déambulation contemplative.
Non saisissable dans sa globalité, cette proposition prolifère dans le lieu pour mieux dessaisir le spectateur de ses attentes initiales.
Romain Pellas rend également inaccessible une des salles en accumulant dans un équilibre précaire des matériaux de récupération, abandonnés (bois, mélaminé). A partir de rebus d’objets domestiques, il fait de ces chutes des éléments pour ses sculptures qui suggèrent la dégradation, la disparition. Intitulée Panoramique, cette installation créée in situ pose les marques d’un paysage mental à reconstituer, d’un panoramique imaginaire.
En complément, Romain Pellas expose un ensemble de 300 dessins présentés en pavé, sans distinction ni hiérarchie, sans début ni fin.
Murs et sol sont recouverts, encombrés… Au spectateur de trouver son propre « point de vue ».
En écho à ces propositions, l’artiste suisse Miriam Cahn – dont l’œuvre est représentée dans de nombreuses collections muséales parmi lesquelles le Musée d’art contemporain de Francfort – propose trois installations (peintures, photographies, dessins et vidéos) qui traduisent la vulnérabilité du corps et de la nature dans leurs devenirs réciproques, dans des espaces entre disparition et apparition…
Présentée dans trois espaces fermés, la proposition de Miriam Cahn place le corps du spectateur dans une position statique et frontale alors que celles de Laurent Pariente et Romain Pellas invite le public à un déplacement plus ou moins évident.
– Commissariat : Eric Corne