Joséphine Berthou est née en 1996 à Rambouillet, elle vit et travaille à Paris. De 2015 à 2021, elle étudie le cinéma et les arts visuels à la HEAD à Genève. En 2021, elle intègre l’École Nationale Supérieure des Beaux-arts de Paris de laquelle elle sort diplômée en 2023.
Joséphine Berthou réalise des films de fiction imprégnés d’une importante part documentaire et de comédie musicale. Ses films s’incorporent à de vastes installations et envisagent les rôles que chacun acquiert dans une société globalisée où les informations circulent de manière toujours plus immédiate. Joséphine Berthou y pose son regard sur des métiers divers : gendarmes, routiers, rappeurs, modératrice sur Internet, cuisiniers en milieu hospitalier, arnaqueurs. À partir de ces univers professionnels singuliers, elle établit une narration, une fiction dans laquelle les émotions des personnages se manifestent en paroles et en musique.
Pour la Project Room, c’est Ferdinand, le protagoniste d’un film de 2021, que nous accompagnons dans son périple. Routier et livreur de jouets, Ferdinand chante dans son camion pour passer le temps et sillonne nuit et jour une variété de territoires et de paysages. Depuis leur navette, des extra-terrestres intrigués par la mélodie provenant du camion, décident de le suivre et lui envoient une des leurs. C’est au milieu de cartons filmés de plastique desquels scintillent des lumières colorées ou sur une banquette-couchette et des sièges de camion que nous sommes invités à regarder le film, à la place même du personnage central. Tour à tour, Ferdinand conduit son camion, chante, séduit une vache, dîne avec des collègues dans un restaurant routier, regarde un couple danser dans un rêve éveillé ou essaye d’établir un dialogue avec l’enfant-alien qui s’invite dans son véhicule. Nous accédons ainsi à la solitude de Ferdinand qui s’envisage une autre vie qu’il finit par poursuivre guidé par la voix de cette enfant d’ailleurs.
Procédant sous la forme d’enquêtes, Joséphine Berthou s’est intéressée pour ce film aux conditions de travail des transporteurs routiers, aux marchandises qu’ils acheminent, à leur isolement tout comme à leur rupture sociale, voire familiale. Depuis les aires d’autoroute jusqu’à la cabine du camion, les heures passées sur la route sont nombreuses pour ce corps de métier. Il n’est d’ailleurs pas anodin que le titre de l’exposition 11h20 se rapporte à leur condition de travail, avec une amplitude horaire quotidienne moyenne, qui inclut six pauses, de 11h20. Cette réalité temporelle conjuguée à la naïveté des chansons que Ferdinand entonne et aux situations les plus irréelles qu’il s’invente nous permet, tout comme lui, d’envisager ses contraintes et ses obligations avec un semblant de légèreté et d’humour. Le voyage imaginaire de Ferdinand nous plonge dans une perspective distordue, hors de la temporalité de l’accélération des flux qui engendre encore davantage de solitude.
Commissaire de l’exposition : Maëlle Dault
Rendez-vous
Vernissage
Mercredi 25.09.24, 18h-21h
Visite artiste-commissaire
Mercredi 02.10.24, 19h30
avec Joséphine Berthou et Maëlle Dault