Pour son exposition monographique au Plateau, Eric Poitevin a choisi de montrer un ensemble de photographies inédites le temps d’un accrochage dense qui s’inscrit dans toute l’architecture du lieu et le transforme en une grande photographie en construction.
Jouant sur l’idée d’all-over, Eric Poitevin présente quatre séries autour du paysage et du corps. Deux catégories dont il bouscule les codes : nulle identification de sites ou de personnes dans son travail mais seulement des images intemporelles qui réhabilitent un rapport méditatif et silencieux au monde.
Cadrages resserrés et frontaux de paysages forestiers silencieux, ses photographies se révèlent dans la durée comme pour mieux nous étonner et témoignent d’un univers autonome : « Ce qui me touche dans les arbres c’est l’illusion qu’ils pourraient exister sans nous. La meilleure preuve est que lorsque tu plantes un arbre c’est très frustrant de savoir que tu ne le verras pas dans son développement intégral… » (Eric Poitevin).
Prises souvent tôt le matin, parfois par temps de pluie ou de brouillard, ses photographies sont faites lorsque la lumière s’infiltre difficilement, entre jour et nuit, comme pour mieux nous plonger dans une atmosphère surprenante dans laquelle les choses semblent impénétrables.
A travers une série plus récente on découvre également des images de visages, nus de tout artifice, qui semblent arrêter quelques instants le passage du temps. D’une apparente neutralité, ces portraits s’imposent à nous sans aucune échappatoire possible.
Enfin, cette exposition est l’occasion de voir pour la première fois une série de nus sur laquelle Eric Poitevin travaille depuis quelques mois seulement.
Que ces photos soient celle du végétal, de l’animal ou de l’humain, elles saisissent un équilibre précaire, un moment suspendu où ce qui se donne à voir, avec toute sa matérialité, résiste à toute saisie définitive.
Commissariat :
Eric Corne, précédent co-directeur du Plateau – chargé de la programmation artistique